Vers une gestion plus raisonnée de l’eau au jardin : quelques conseils pour les pratiques et aménagements à privilégier
« L’eau est une ressource rare qu’il faut économiser » constitue une règle de base. Le réchauffement climatique aura, entre autres effets, de provoquer des pénuries de ressource en eau en période estivale (faible débit des cours d’eau, abaissement du niveau des nappes).
Quelle eau dois-je utiliser ?
Il est préférable d’utiliser l’eau de pluie, que l’on va récupérer et stocker en période hivernale (citerne enterrée, récupérateur de surface) pour s’en servir en période estivale lorsque la ressource se fait plus rare. Utiliser l’eau de pluie évite d’utiliser l’eau du robinet qui a auparavant nécessité des traitements coûteux pour la rendre potable. Une eau non traitée conviendra de toute façon mieux à vos plantes ! Pomper l’eau dans un puits ou une rivière en été aura pour conséquence de contribuer à diminuer le niveau des nappes et le débit des cours d’eau, ce qui peut provoquer de graves problèmes écologiques.
Que faut-il arroser en priorité dans mon jardin ?
Si je ne dispose pas de dispositif de récupération d’eau pluviale je vais privilégier les cultures vivrières du potager (qui ne peuvent pas se passer d’eau) en distinguant les légumes peu exigeants en eau (ex : les tomates) de ceux plus exigeants (ex : salades, radis…), ce qui permettra de limiter les apports en eau. Pour le jardin d’agrément, la pelouse et les plantes en pots je choisis des variétés de plantes ou de semences très peu exigeantes afin de n’utiliser pratiquement que les eaux de pluie.
A quelle fréquence ?
Il est préférable, si vous devez absolument arroser de privilégier des arrosages peu fréquents mais adaptés en quantité en fonction des végétaux afin de faire des apports « utilisables » par les plantes. Un arrosage plus important pénétrera plus profondément dans le sol, il sera mieux valorisé par la plante et plus durable.
En période sèche et en situation ensoleillée des arrosages très fréquents mais superficiels vont « partir » en évaporation avec un bénéfice quasiment nul pour vos plantes.
Conseil : installez un pluviomètre dans votre jardin afin de connaitre aux plus juste les apports naturels en eau (ex : 10 mm dans le pluviomètre =10 litres d’eau/m²).
Quels dispositifs d’arrosage privilégier ?
Dans tous les cas il faudra utiliser les systèmes d’arrosages les plus ciblés et sobres possibles.
Le système de goutte à goutte ou de tuyau poreux sur récupérateur d’eau sera le plus pertinent.
Le système d’arrosage par aspersion manuel ou automatisé sera le plus consommateur et le moins efficace en terme de rendement et de volume réellement utilisé par les plantes.
L’arrosage au pied des végétaux avec un bon vieil arrosoir n’est pas une solution à bannir, elle permet d’avoir des apports d’eau très sélectifs qui répondent au plus près au besoin des plantes.
Un dispositif à proscrire
A quels moments de la journée arroser ?
Afin de limiter au maximum l’évaporation de l’eau d’arrosage et l’évapotranspiration des végétaux, l’arrosage de nuit sera favorisé (nécessité d’un arrosage « piloté »).
Si vous ne pouvez pas arroser la nuit, faites-le le soir quand les températures extrêmes de la journée baissent et en l’absence d’ensoleillement direct.
Le paillage, un allié pour éviter l’évaporation.
Il est important, tant au potager que dans les jardins d’agrément, de maintenir le sol couvert afin de limiter l’évaporation et les effets de « battance » et ainsi d’arroser moins et moins souvent (de deux à trois fois moins en volume et en fréquence).
Je peux pour cela utiliser différents éléments végétaux : de la paille, les feuilles mortes de mes arbres, les déchets verts de mon jardin, du bois déchiqueté également appelé « Bois Raméal fragmenté » (BRF)…
De plus, ce paillage va composter et ainsi améliorer la structure de mon sol, sa teneur en matière organique, ses capacités de rétention en eau et d’infiltration.
Certains paillages minéraux peuvent également être utilisés.
Quelques usages à proscrire…
La piscine est un gros poste de consommation d’eau potable. Elle est donc, autant que faire se peut à proscrire de même que le lavage des voitures (d’autre part souvent cause de pollution du réseau d’eau pluviale).
A l’inverse, je peux créer un agréable bassin d’agrément en le couplant à un dispositif de récupération d’eau pluviale de toitures et l’utiliser pour l’arrosage du jardin.
Comment gérer les eaux de pluies ?
Tous les dispositifs de récupération et ou d’infiltration des eaux de pluies à la parcelle sont à favoriser.
Les avantages sont nombreux :
- Utilisation pour l’arrosage
- Infiltration vers les nappes
- Dépollution par infiltration
- Limitation des ruissellements et donc des crues,
- Diminution des apports en station d’épuration si vous êtes en réseau unitaire de collecte des eaux usées et pluviales
- Stopper ou diminuer la consommation d’eau potable pour d’autres usages qu’alimentaires
- Limiter les phénomènes de « retrait » des sols très argileux, sources de désordres graves sur les bâtiments
Je collecte les eaux de pluies pour quels usages ?
La récupération des eaux de pluies sera utile pour l’arrosage du jardin mais également pour les usages domestiques.
Ses eaux pourront être utilisées par exemple pour la chasse d’eau des toilettes, le lave-linge, éventuellement le lavage de la voiture sans produits chimiques et la création de piscines naturelles et écologiques avec phyto-épuration. (sous réserve du respect des règles sanitaires)
Petit calcul parlant :
Une famille de quatre personnes consomme en moyenne plus ou moins 120 m3 d’eau potable par an soit 120 000 litres d’eau.